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Mais une main venait de se tendre vers lui et une voix lui disait :

Merci, monsieur, d’avoir amusé ces bons Anglais avec votre fumée.

D’autres mains s’offrirent. Sans trop comprendre, Dolbret et Wigelius s’abandonnèrent à cette effusion. Pendant que les mains s’étreignaient, l’un des étrangers, probablement le chef, se mit à parler :

— Nous guettions les éclaireurs de Thompson depuis deux jours, dit-il. Nous désespérions de les voir, quand ils sont venus, — je ne sais pourquoi — se jeter dans nos jambes. C’est sûrement vous qui les avez attirés, car notre retraite était introuvable et ils auraient passé mille fois devant ce kopje sans se douter de notre présence. Comme nous avions des cartouches à poudre sans fumée, pendant qu’ils s’occupaient de vous, du haut du kopje, nous les massacrions sans qu’ils pussent même voir d’où venait le feu.

Il avait parlé dans un français très pur et très élégant ; sa voix accusait la fatigue, l’ennui, le découragement, et une certaine tristesse passait dans ses yeux quand il cessait de regarder son interlocuteur : on eût dit qu’il cherchait quelque chose ou qu’un souvenir le distrayait, l’obsédait peut-être.

Dolbret allait l’interroger, mais il continua :

— Maintenant, il me faut repartir, suivre ma destinée.

— Au moins, dit Dolbret, saurai-je le nom de celui à qui j’ai l’honneur de parler ?

— Villebois-Mareuil.

— Villebois-Mareuil ! s’écrièrent Wigelius et Dolbret.

— Oui, Villebois-Mareuil. Vous êtes étonnés, je