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Ils pouvaient être à vingt pieds. Au moment où ils partaient, Dolbret ordonna le feu. D’abord les pistolets, ainsi que cela était convenu, furent déchargés aussi rapidement que possible. Cette succession ininterrompue de détonations, fit un bon effet sur les éclaireurs. Ils crurent à la présence d’un ennemi très nombreux et, quand les carabines entrèrent en scène et que les chevaux s’affaissèrent, il y eut un moment de désarroi. Mais les rangs se reformèrent au commandement des sabres brandis avec colère, la troupe s’avança, compacte, et vingt fusils se levèrent. Dolbret vit cette manœuvre, à travers la fumée, et murmura :

C’est fini !

Comme ces mots de découragement sortaient de sa bouche, les éclaireurs se mirent soudain à tomber, les uns après les autres : il en tomba au milieu, aux côtés, en avant, en arrière ; on eût dit les pièces d’un échiquier qu’une secousse inattendue aurait ébranlé. Dans son étonnement, Dolbret avait laissé choir son fusil par terre et, comme si tout danger eût été passé, sans se demander la cause du phénomène, il s’était oublié à contempler le carnage. Pas un nuage de fumée ne venait se mêler aux dernières ombres de la nuit, et la mort pleuvait sans désemparer sur la compagnie des éclaireurs.

Ceux qui restaient venaient de battre en retraite sans même emporter leurs blessés.

Alors des pierres roulèrent aux pieds de Wigelius et de Dolbret, un bruit de voix confuses arriva à leurs oreilles et bientôt, au-dessus de leurs têtes, ils virent une dizaine d’hommes qui descendaient tranquillement du kopje, le fusil sous le bras.

« Ils reviennent par derrière, pensa Dolbret. »