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rejoindre, leur tendre la main, un cri retentit et il vit une grande forme noire qui essayait de se sauver, se jetait par terre, levait les bras au ciel, et que Wigelius et Stenson avaient grand’peine à contenir. C’était Zéméhul qui, à la vue de cette forme étrange, de cette sorte de tronc d’arbre en marche, avait été saisi d’une terreur superstitieuse ; il lui avait semblé voir apparaître quelque divinité malfaisante. Mais quand Dolbret se dépouilla de cette tiare, aussi authentique que celle de Saitapharnès, mais plus pesante, et que son visage en sortit tout noir de fumée et de suie, le Zoulou montra les signes d’une joie qui se manifesta par des gambades et des cris. Il fallut le rappeler au sentiment du danger pour le tirer de son ravissement.

— Ouf ! dit Dolbret, en laissant choir le lourd chapeau sur le sol ; vous ne pouvez vous imaginer, mes chers amis, comme il fait chaud dans un poêle qui ne chauffe pas,

— Racontez-nous votre évasion, dit Stenson en lui serrant la main.

— Je suis trop fatigué et le temps presse, mon ami. Du reste c’est long ; vous saurez tout à Kimberley, une fois que nous aurons les diamants et que nous serons en sûreté ; vous vous amuserez.

— Montons à cheval, alors.

— C’est bien facile à dire, mais moi, je n’ai pas de cheval.

— Et pourquoi donc ?

— Je n’ai pas revu le mien ; ou s’en sera sans doute emparé comme d’une prise sur l’ennemi.

— Nous avons réparé le tort, mon cher docteur, dit Wigelius ; en passant dans le veldt, nous avons rencontré un burgher qui nous a cédé le sien.