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Il allait sortir quand un grognement parti du bout de la cabane le fit frissonner : mais il eut un sourire de satisfaction quand, après avoir promené sa tête de fer de tous côtés, il ne vit pas autre chose que le Tommy profondément endormi, à moitié étouffé entre le banc et le mur en terre, et lançant des ronflements dignes du sommeil du juste.

Il faisait nuit sombre, un orage s’annonçait ; ce serait tant mieux pour le fugitif : dans le moment la tempête, la pluie, le tonnerre étaient ses meilleurs auxiliaires. En franchissant le seuil de sa prison d’un jour, il faisait des réflexions sur les événements qui l’avaient mis dans cette posture et, malgré tout, il se prenait à admirer leurs merveilleux enchaînement. Il bénissait maintenant le sort de lui avoir fait rencontrer Polson, de l’avoir jeté en plein océan, de l’avoir fait recueillir par le « City of Lisbon », de l’avoir mis à même d’exercer sa profession de médecin et, par là, de lui avoir permis de prendre dans la pharmacie du bord la petite bouteille de laudanum qui avait donné un goût si prononcé à la Bass ale absorbée par son gardien.

Pendant une dizaine de minutes, ce fut, entre le buisson et le poêle ambulant, un échange continuel de signaux. De temps en temps Dolbret s’arrêtait et écoutait du côté du camp. Rien ne vint : évidemment son évasion n’était pas encore connue, tout allait bien. Il aurait voulu marcher plus vite, mais il en était empêché par le poids énorme de son armure. Bientôt, dans la nuit il distingua le cuivre des selles qui brillait à travers les branches puis à force de regarder le même point, il vit des visages et reconnut ses amis. Comme il allait les