— Et vous n’avez rien vu dehors ?
— Non, rien.
— Vous entendez toujours ce cri cependant ?
— Oui, j’entends toujours ce hibou. Je le regrette pour vous, c’est lugubre.
— Je m’y accoutume.
— Vraiment ? tant mieux alors. Si vous mangiez en at…
— En attendant, continua Dolbret en riant ; oui, en attendant, vous dites bien.
— Pardon, je n’ai pas voulu dire cela.
— Je ne vous en veux pas.
— Donc, si vous mangiez.
— Je n’ai pas faim.
— Ça vous donnerait des forces et ça passerait le temps.
— Je ne m’ennuie pas, et je n’ai pas faim non plus. Du reste, il n’y a plus rien à manger.
— C’est dommage ; si je pouvais vous quitter un instant, je demanderais quelque chose.
— Merci, mon ami, merci.
— Buvez toujours, ce sera mieux que rien. Votre verre est là, encore plein, qui vous attend.
— Non, merci, je n’ai pas soif.
— Vous n’avez pas soif ? mais on a toujours soif.
— Pas moi, je n’ai jamais soif.
— Nous autres soldats, nous avons toujours soif, nous marchons tant.
— C’est vrai. Au fait, buvez donc cette bière, si le cœur vous en dit.
— Oh ! non merci, ce n’est pas cela que j’ai voulu dire.
— Quand même, buvez toujours.