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ment tel que son visage en devint tout transformé. Le colonel s’en aperçut et lui demanda :

— Qu’est-ce que vous pensez de cela, lieutenant Verner ?

— Je dis, mon colonel, que c’est pour moi un trait de lumière. Je comprends maintenant un grand nombre de choses que j’ai entendu dire par les cafres et que je ne comprenais pas du tout alors. C’est probablement le même principe que pour les langues simplifiées que l’on appelle les langues de l’avenir.

« Ah ! ouiche, pensa Pierre, l’espéranto du passé ». Il reprit :

— Ainsi, dans la langue cafre, ashi veut dire mal physique : mais si l’on double la seconde syllabe de ce mot, il veut dire douleur morale…

Alors fit l’officier ?

— Je voulais dire la douleur que me causait la perspective de mourir loin de Québec, ma patrie.

— Bien, reprit le colonel, nous allons nous renseigner. En attendant, qu’on ramène le prisonnier. S’il nous a trompés, il le paiera cher.

— « Ouf ! fit Dolbret, en langue cafre, c’est-à-dire intérieurement. » Tout de même, ce qui vient de se passer ressemble à un rêve. Que le diable m’emporte, ces gens-là sont d’un bête ! J’y perds mon latin, et mène mon cafre, ce qui n’est pas une grosse perte. »