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étaient là, rangés dans leur couvertures épaisses, et ronflaient. Cinq ou six pantalons de kaki séchaient, suspendus par une ficelle attachée à deux perches plantées en terre près de l’ouverture. En un tour de main, Pierre enleva le fond de chaque pantalon.

— C’est fait, dit-il, en remontant à cheval. Et maintenant détalons.

Mais ils n’avaient pas fait trente pas qu’un coup de feu retentit à leurs oreilles : tout le petit camp improvisé était sur pied. En se retournant ils purent voir des hommes en chemise courir autour des tentes. Évidemment l’alarme était donnée. L’instant d’après, des cris et des imprécations se mêlèrent au bruit des pas, des bras menaçants montrèrent les quatre cavaliers. Un porte-voix cria :

Hands up !

En même temps deux balles passèrent en sifflant au-dessus de Stenson ; une autre atteignit le chapeau de Dolbret. Ce dernier arrêta ses compagnons et leur dit :

— Je suis un fou, un écervelé. Sauvez-vous, je vais me rendre, je me tirerai de là comme je pourrai. Suivez-les pendant quelque temps, et si vous ne me voyez pas reparaître, reprenez le chemin de Bloemfontein.

Wigelius et Stenson protestèrent. Ce ne serait rien, on s’expliquerait, même on paierait les habits mutilés et tout s’arrangerait.

Mais Dolbret était descendu de cheval, ce qui avait eu pour effet de faire cesser le feu. Une demi-douzaine de soldats s’avançaient vers eux. Pierre reprit :