qui allaient s’embarquer à bord du « Stanley » pour reconduire le contingent jusqu’à Rimouski. Un des ministres, se penchant hors de la portière, demanda à un homme aux cheveux gris bouclés qui arrivait, le feutre mou sur le coin de la tête :
— Eh ! bien, mon vieux Dubut, quelles nouvelles au « Soleil ? »
— Mauvaises, depuis tantôt.
— Mauvaises ?
— Mauvaises, oui. Dame, ça dépend. Moi je les trouve bonnes, mais vous… ?
Un camelot aux cheveux longs, les deux bras chargés de journaux frais, murmura à l’oreille du journaliste :
— Très mauvaises, mais il ne faut pas le dire, ça va décourager ces soldats-là.
— Comment ça ?
— Les Anglais se sont fait tuer, prendre ou blesser deux mille hommes à Ladysmith.
Il n’avait pu parler si bas qu’on ne l’entendît.
Dolbret l’interrogea :
— Vous dites ?
— Deux mille Anglais prisonniers ou tués dit, à voix haute cette fois, le camelot.
La nouvelle fit traînée de poudre. Un mendiant la cria à tue-tête :
Deux mille-z-Anglais de tués à Ladysmith !
Tout près de Dolbret, en avant, en arrière, à ses côtés, des voix murmuraient tout bas :
« Hold him well, he is getting tired. »
Morot ne tenait plus le bras de son ami ; celui-ci s’aperçut soudain que quelqu’un, tout de même, était à son bras droit. Et il avait toujours l’étranger à sa gauche. Qu’on ne s’étonne pas trop