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m’a dit votre chagrin, votre désespoir, elle m’a dit comme vous lui parliez souvent, dans son enfance, de sa tante, la belle Catherine de Cunha, et comme vous sembliez l’aimer…

— Oui, la belle Catherine de Cunha, la belle Catherine. Je la connus au Portugal, à Porto. La journée que je l’épousai, en la cathédrale de San Martinho, la nef ne fut pas assez grande pour contenir la foule de ceux qui voulurent la voir. J’étais jaloux de tous ces yeux qui la dévoraient, mais, en même temps, j’étais plein d’orgueil ; il me semblait que mon bras était assez fort pour la défendre contre dix mille hommes. Je ne fus pas assez fort pour la défendre contre les lagunes de Lourenço-Marquès. Un an après notre mariage, elle mourut, et, depuis lors, j’ai toujours vécu seul. Ma consolation, ç’a été Berthe. La pauvre enfant est venue souvent me voir dans ma solitude et chaque fois elle m’a fait du bien. Mais je mourrai sans la revoir, c’est mieux ; je ne veux pas attrister son bonheur, et je veux qu’elle vive, elle. Quand je serai mort, elle vendra Cedofeita ; jamais, elle ne l’habitera. C’est ma volonté.

Il se reposa.

— Allons, docteur, reprit-il, j’achève de vous ennuyer. Il me reste une chose importante à vous dire ; je vais vous donner la description de la grotte d’Halscopje.

— Vous en avez une copie ?

— Non, j’ai l’original.

— Mais il me semble qu’Ascot l’a pris.

— Vous avez vu l’enveloppe dans sa main ?

— Non, dans les mains de Polson, un de ses complices.