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missements dans la maison, nous n’avons pas essayé de lui arracher la lettre, nous sommes entrés délivrer Lady McStainer et Minnie, et pendant ce temps, les voleurs s’enfuyaient.

— Vous avez dû bien vous ennuyer, n’est-ce pas, depuis lors ?

— Mais… commença de dire Pierre.

— Pardonnez-moi, reprit Mortimer, de vous avoir laissé si longtemps dans l’incertitude ; mais, vraiment, j’étais trop malade, je souffrais trop. Pardonnez-moi aussi de ne pas vous avoir remerciés assez, vous et vos amis, de votre dévouement…

Dolbret restait songeur.

— Je devine vos pensées, je devine vos hésitations. Quand on est jeune, on a peur de marcher, et parce qu’on a peur, on ne voit pas bien les choses, on ne les comprend pas parfaitement. Moi, j’ai vécu, j’ai souffert surtout ; et j’ai peut-être tort de dire « j’ai vécu », à moins que vivre ce ne soit souffrir. Comme je vous l’ai dit, je n’accepte pas vos hésitations, je ne veux pas entendre parler de vos scrupules, je ne veux vous entendre parler que d’une chose : de votre amour pour Berthe et de vos projets pour l’avenir. Pendant les quelques jours qui me restent à vivre, je veux que vous veniez me voir souvent et que vous me parliez d’elle. Je veux voir, avant de mourir, cette belle chose, des gens qui s’aiment, comme Catherine et moi nous aimions, il y a vingt ans.

Il se tut un instant, comme pour regarder dans le passé, puis il reprit :

— Voulez-vous que je vous parle un peu d’elle et de moi ?

— Oh ! oui, dit Pierre ; mademoiselle Berthe