Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 23 —

— Oh ! pardon, fut la réponse, je vous demande pardon, je vous avais pris pour mon ami Morton.

Il ne le lâcha cependant pas.

Le télégramme de Forget et compagnie avait ralenti de beaucoup l’enthousiasme de la foule. Cependant, ceux qui, sur la terrasse, n’avaient pas eu la nouvelle, continuaient à chanter et à pousser des acclamations. Du reste, les farceurs y étaient pour beaucoup dans tout ce train ; nous aimons à rire et à faire du potin, et, dans les circonstances solennelles surtout, nous sommes comme de vrais écoliers.

De tous côtés, et à tout instant, arrivaient des colis pour les soldats : friandises envoyées par des amis, des parents, des clubs, des patrons généreux. Les réguliers eurent comme un sursaut causé par le sentiment de respect dû aux choses saintes quand de longues charrettes apportèrent d’innombrables petites caisses bien fermées et jolies à voir : le chocolat envoyé par Sa Majesté la Reine aux volontaires du Canada. Ils eurent presque envie de présenter les armes, tout comme faisaient les gardes de Blois, lorsque passait la viande de Monsieur, frère du roi Louis XIII.

Un instant après il se fit une poussée qui culbuta quelques hommes et plusieurs femmes. Des gardes à cheval faisaient une trouée.

« Keep back », dit, en éperonnant sa monture, le chef de la troupe, « la voiture du gouverneur général. »

On fit place lentement, avec peine. Et la voiture passa, suivie et précédée de gardes à cheval, d’aides-de-camp, puis des voitures des ministres