Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 226 —

même de la grande institution, la tranche de vie amplifiée qu’il lui avait été donné d’étudier, les mille détails dont ses yeux avaient été frappés ce soir-là, les pensées qui l’avaient assailli quand il avait vu de près le monstre consommateur d’énergie et producteur d’argent, tout cela tourbillonnait dans sa tête. Mais une idée maîtresse en ressortait, il s’en dégageait une synthèse, une formule implacable dont les deux termes nécessaires : Intelligence et Travail donnaient sûrement et fatalement le même résultat : Fortune ! Il comprenait que la vie pratique et terre à terre mène à la réalisation des rêves, mais que les rêves, eux, ne peuvent rien créer et doivent mourir sans avoir rien produit, si ce n’est le désenchantement. C’est alors que Stenson venait à son secours ; il écoutait ses plaintes, il lui disait : Patience, quelque chose me dit qu’Ascot ne réussira pas, qu’il sera arrêté. Il est trop connu dans le pays pour y rester longtemps en sûreté. Du reste, peut-être la carte ne donnait-elle pas suffisamment d’explications, peut-être monsieur Mortimer possède-t-il des renseignements supplémentaires absolument nécessaires à la localisation de la grotte.

Comme Pierre ne se consolait pas, Stenson reprenait : Après tout, si le trésor vous échappe, je suis toujours là ; nous retournerons à Durban et nous ferons des affaires. Vous travaillerez pour nous, vous gagnerez de l’argent, vous deviendrez riche peut-être. Et alors…

— Et alors ?

— Alors, continuait Stenson tristement, vous serez heureux, vous.

— Si tout cela vous fait défaut, lui disait