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chose d’insolite se passait chez lui : le silence de la bonne, puis, à cette heure la présence de ces hommes, c’était chose inouïe, surtout dans ce château où, depuis sa maladie, personne ne venait, si ce n’est le médecin. Mortimer n’en avait plus que pour quelques semaines ; déjà la mort se devinait sur son visage décharné et dans le son de sa voix qui râlait par moments. Il reconnut Ascot :

— Est-ce vous, Ascot, qui venez ici en malfaiteur ?

Ascot ne tenait pas à discuter la moralité de son acte, surtout avec un homme qui avait été son protecteur. Il se tourna vers ses compagnons et leur dit :

— Messieurs, veuillez passer dans la pièce voisine et prendre ce qu’il vous faut — il appuya sur les mots « qu’il vous faut » — dans le secrétaire qui doit se trouver au fond du cabinet. Vous vous souvenez, Natsé : première case, deuxième rang à gauche.

À ces mots, Mortimer rougit, sa face, si pâle, s’empourpra ; il oublia que la maladie le clouait sur son lit et il fit un effort surhumain pour en sortir ; la seule main qui lui restât se crispa pour étreindre le bois du lit, et il fit un bond. Mais c’était peine perdue, il alla rouler par terre, sans force, impuissant à rien faire pour sa défense. Ascot le prie dans ses bras et le remit sur le lit. Mortimer se laissa faire, mais une fois couché, comme Ascot se redressait, il lui prit l’oreille et la tira avec tant de violence qu’elle céda presque. Ascot se dégagea en disant :

— Je ne vous veux pas de mal, monsieur Mortimer.