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Horner était réellement épris de Berthe Mortimer, mais il n’avait jamais pensé sérieusement à lui faire l’aveu de sa passion ; c’était par pur hasard qu’il en avait parlé et sans espoir d’être entendu. Toute sa vie passée et actuelle lui était trop lourde à porter pour qu’il songeât à en offrir les restes à une femme honnête et innocente comme Berthe et c’était plutôt pour satisfaire une fantaisie d’un moment qu’il s’était engagé dans cette aventure. La tournure que prenaient les choses n’était pas pour lui déplaire ; il espérait maintenant arracher le secret et l’apporter à ses amis ; ce lui serait un bon motif de demander une meilleure part dans le butin. Ce fut donc avec un sourire, un sourire qui n’avait plus rien de méchant, qu’il railla doucement Berthe :

— Oui, je sais, mon amour vous fait horreur. Pensez-y, l’amour d’un homme taré, d’un aventurier…

Il s’interrompit et reprit :

Oh ! pardon, mademoiselle, je ne devrais pas prononcer ce mot devant vous.

— Quel mot ?

— Le mot aventurier. En effet je suppose que toute allusion malveillante à ce jeune homme, ce jeune médecin, doit être mal reçue de vous.

Berthe bondit de colère et s’écria :

— Tuez-moi, si vous voulez, monsieur l’évêque, mais je vous dirai une chose, c’est que celui dont vous parlez est un honnête homme, que sa mauvaise fortune a mis sur votre chemin…

— Et que sa bonne fortune a mis sur le vôtre.

— En tous cas, s’il est un aventurier, l’amour que j’ai pour lui le lave de tout reproche à mes