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— Comment se fait-il, monsieur, que vous connaissiez Berthe ?

— J’allais justement vous demander la permission de vous en parler. D’abord, veuillez lire ce billet.

Il lui remit une enveloppe carrée, scellée de rouge.

— Minnie, dit la vieille dame, lis-moi ça.

La bonne brisa le cachet et commença de lire, en hésitant sur les mots trop longs :

« Mon bon oncle Walter,

Monsieur Aram Busbay est un pauvre jeune homme qui gagne sa vie à accorder les pianos. Il s’est recommandé à moi et je vous prie de lui être utile. À bientôt. Je vous embrasse tendrement.

Berthe. »

Lady McStainer prit la feuille des mains de Minnie, en examina la grosse écriture anglaise, regarda Aram Busbay, se tourna vers la bonne, regarda de nouveau l’étranger, puis, comme si son corps eût été mis tout à coup en contact avec une pile électrique, il fut secoué par les convulsions d’un rire nerveux, brutal, irrésistible. Les cris qui d’ordinaire accompagnaient le commencement de chacune de ses phrases s’étaient transformés en hurlements ; elle étouffait, et Minnie dut la prendre dans ses bras pour empêcher le coq de velours d’aller déshonorer la famille McStainer en piquant une crête sous le fauteuil à roulettes.

De crainte de voir le guéridon renversé avec la lampe et l’abat-jour, Busbay transporta le tout à quelques pas de la chaise où Lady Cor-