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chard Bolvin, McStainer. En souvenir de ce jour mémorable, je n’ai jamais changé ma coiffure ; c’est un devoir envers ma famille et envers moi-même ; je n’y ai jamais manqué et je n’y manquerai jamais.

Le coq cramoisi agita son bec de velours dans les rides de Lady Cordelia McStainer, qui se tut et laissa retomber sa tête sur sa poitrine. Évidemment cette évocation des anciens jours de gloire, cet appel à l’honneur familial avait épuisé ses forces. Ses yeux, ses vieux yeux chassieux avaient pourtant des rayons, ils semblaient exprimer un contentement extrême. L’étranger n’existait plus pour la bonne dame, elle le regardait sans le voir. Il s’en aperçut et, pour passer le temps, se mit à examiner la pièce. Le mur était coupé par trois fenêtres entre lesquelles des glaces régnaient depuis le plafond jusqu’aux plinthes ; en guise de cimaise, des guirlandes en stuc doré se détachaient sur un fond rouge, reliées entre elles par des médaillons où s’enlaçaient les lettres M et C, Mortimer et Cunha. De l’autre côté, une ouverture, communiquant avec le reste de l’édifice, était à demi dissimulée dans l’épaisseur des portières ; les fauteuils allongeaient leurs griffes de fauves sculptées dans le chêne ; sur une table en laque, un Mozart de marbre accordait son violon. Busbay songeait probablement qu’il ne serait jamais possesseur de tant de belles choses, lui, pauvre accordeur de pianos. Cette idée lui rappela le but de sa visite, il prit la parole :

— Madame, permettez-moi de vous faire part de la raison de ma présence ici.

— Dites-moi, d’abord, reprit Lady McStainer, en l’interrompant, si vous avez vu notre Berthe.