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TROISIÈME PARTIE


XIV

CEDOFEITA


Par une belle nuit, Lourenço-Marquès évoque les ombres et les clartés d’une toile de Henner ; elle fait penser au « Nocturne » du peintre alsacien. La sensation d’art produite par le jeune visage emmailloté dans des reflets ouatés de lune reparaît quand on contemple ce bloc sombre pailleté de petites lumières scintillantes, dont l’élévation se dégrade peu à peu et qui semble vouloir glisser dans la mer. Là encore, les phosphorescences du plein océan persistent, elles se sont traînées jusqu’à ce lieu de repos ; à les voir se jouer sur la rive et lécher les quais, on dirait que la mer est une grande vasque où des almées viennent baigner leurs pieds chargés de chaînes d’or. Dans la partie élevée, ce sont des massifs de verdure. Par-ci, par-là, entre les cimes des arbres, perce le bout d’une tourelle, d’un toit blanc, d’une cheminée ; puis, en allant vers l’eau, la ville est de moins en moins belle, les magasins heurtent l’œil de leurs vérandahs chargées de caisses et de ballots éventrés, de cabanes de douaniers, même, sur les quais, de marchandises étalées, abandonnées là, sans ordre.

Comme dans toutes les vieilles villes, les ma-