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un déshonneur, et si vous refusiez de m’épouser, ce serait m’empêcher à tout jamais de vous payer la reconnaissance que je vous dois.

— Ma détermination est irrévocable, mais puisque vous me demandez de parler d’affaires, je vous demande la permission d’en parler, moi aussi.

— Je vous écoute.

— Je suis pauvre, mais dans un an, peut-être avant, il se peut que j’aie fait fortune. Grâce à la générosité de mon ami Stenson, je représenterai à Durban la maison Stenson Waitlong et Cie, de Philadelphie, qui fait pour au-delà de vingt millions d’affaires par an. Stenson fait le voyage d’Afrique spécialement pour choisir un remplaçant à leur représentant, qui vient de mourir ; au lieu de le choisir immédiatement et de s’en retourner en Amérique, il restera un an, deux ans, s’il le faut en Afrique, afin de m’initier aux affaires de sa maison, et, après ce temps, je me serai fait une situation, il se peut que j’aie fait fortune même. Alors seulement j’oserai prétendre à votre main. D’ici là, je vivrai loin de vous, mais je vivrai pour vous, je deviendrai digne de vous. N’est-ce pas, Miss Berthe, que vous m’approuvez ?

— Vous semblez tellement tenir à votre décision que je ne veux plus la discuter, pour le moment. Parlons d’autre chose.

— Dites, au moins, que vous ne m’en voulez pas, que vous ne me méprisez pas.

— Je ne pourrais pas vous mépriser et je ne puis pas non plus vous en vouloir, parce que…

— Parce que ?

— Parce que… je vous aime trop.

Pierre se leva et dit solennellement :