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pris son cours, avec en plus une teinte de tristesse qui faisait désirer encore plus qu’auparavant la fin du voyage. Seule Alberta Block gardait sa bonne humeur, de même que le « private » Harkins à qui elle devait son succès comme soldat d’infanterie.

Un jour de plus et le bateau serait en vue du Cap. Les trois amis avaient encore le temps de former leurs plans, pourvu que Miss Mortimer se rétablît. Le troisième jour après le bal, Berthe était encore souffrante ; Dolbret n’y comprenait plus rien et s’inquiétait. Comme il venait d’entrer pour lui faire la dernière visite de la journée, elle lui dit :

— Je suis guérie, mais je suis restée au lit afin de pouvoir causer avec vous sans être dérangée.

— Dieu soit béni, dit Pierre. Parlez et surtout laissez-moi parler, laissez-moi vous dire comme je vous aime, comme je voudrais donner ma vie pour vous.

Berthe l’interrompit en souriant :

— Vous êtes prodigue de votre vie, et puisque vous me l’offrez une seconde fois, je la prends.

— Vous la prenez ?

— Oui, je la prends, comme je vous demande de prendre la mienne, pour toujours.

En disant ces mots, elle lui tendit sa main. Enfin, le rêve de sa vie — car sa vraie vie ne comptait que du jour où il avait vu le divin sourire de Berthe — se réalisait ! Ils restèrent silencieux longtemps, ils semblaient craindre de troubler par des paroles la douceur de cet instant.

Enfin, Pierre laissa retomber la main de Berthe. Comme il sortait, elle le rappela :

— Attendez, ne partez pas tout de suite.