Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 151 —

regarder, tremblant d’être obligés de se dire : « Adieu, nous ne pouvons plus être amis ! »

Dolbret eut le premier le courage d’ouvrir la bouche :

— Anton Wigelius, notre ami, dites-nous, je vous en prie, un mot de consolation, car nous venons d’être frappés tous les deux par le plus grand malheur de notre vie.

— Vous êtes dans l’erreur, mon ami, dit Wigelius.

— Vous n’avez pas compris ?

— J’ai parfaitement compris, Dolbret, j’ai parfaitement compris que c’est poussé par ce qu’il y a de plus noble au monde, par le dévouement, que vous vous êtes lancé au secours de celle que vous aimez…

— Et alors ?

— Laissez moi parler. J’ai tout compris, j’ai compris votre désespoir, lorsque Stenson, notre ami, vous a dit : « Merci d’avoir sauvé celle que j’aime. » J’ai compris ce qu’à dû être votre désespoir, ce qu’a dû être le désespoir de Stenson, quand il a vu votre découragement. Mais je dis que vous êtes dans l’erreur, Dolbret, quand vous dites que c’est le plus grand malheur de votre vie.

— Mais enfin, mon ami…

— Vous êtes dans l’erreur, et si je ne me suis pas trompé sur le caractère de John Stenson, je vais vous le prouver tout de suite.

Stenson prit la main de Wigelius et lui dit :

— Vous devriez me connaître, Anton, vous n’avez pas d’ami plus sincère que moi.

— Je le sais, et je compte sur vous. Maintenant, Dolbret, laissez-moi vous dire que vous avez vu le plus beau jour de votre vie.