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mirable antiquité payenne. Dolbret, tranquille sous son déguisement, éprouvait à la fois le bonheur immense de contempler cette femme divine qui lui apparaissait comme une vision d’amour et de poésie, et en même temps la souffrance de penser que jamais les rêves qu’il faisait ne se réaliseraient et quelle disparaîtrait bientôt pour lui, comme elle allait disparaître dans l’onde pendant quelques instants.

La nacelle, manœuvrée par dix hommes solides, descendait lentement sur ses poulies.

Dolbret entendit pour la troisième fois, tout près de lui : Now ! Il ne s’y arrêta pas.

La nacelle flottait. D’abord les nymphes, sur un geste du sceptre d’or, se plongèrent dans l’eau scintillante où se reflétaient le ciel chargé d’étoiles et la lune, immense et presque rouge ; Un instant après, elles remontèrent sur la plateforme et l’une d’elles dit à Amphitrite que le divin Neptune l’attendait pour l’emmener dans son liquide empire. Alors la déesse jeta un dernier regard en haut, vers la foule qui la contemplait, puis, laissant tomber son sceptre devant elle, sans doute pour le remettre à son époux en signe d’obéissance, elle s’assit sur le rebord de la nacelle et plongea lentement jusqu’à ce qu’on ne vît plus, au ras de l’eau, que sa tête brune cerclée du diadème vert. La représentation était vraiment réussie, on était dans l’extase.

Miss Mortimer était très bonne nageuse. Pendant que ses nymphes l’attendaient, elle fit la planche, se débarrassa de son costume de déesse de la mer et reparut, sa chevelure noire flottant sur l’onde, dans un superbe costume de bain, puis elle s’éloigna de quelques pieds et retourna vers la na-