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des gens aux allures louches et suspectes dont il faut se défier. Grâce aux renseignements fournis par José, vous avez raison de croire qu’ils sont à la recherche d’une grande fortune et vous vous êtes mis dans la tête, je ne sais trop comment, que ces millions, s’il y en a, peuvent devenir votre propriété.

— Pardon, fit Dolbret.

— Je vous en prie, laissez-moi continuer. Malgré vous, dis-je, inconsciemment, vous vous êtes figuré que les millions du Dean pourraient tomber en votre possession et vous vous êtes mis en frais de pénétrer son secret. Maintenant, je vous le demande, docteur, est-ce votre droit ?

Dolbret n’avait jamais songé à cela ; il ne s’était jamais posé la question aussi nette, aussi limpide. Évidemment, Stenson avait raison ; avec sa clairvoyance d’homme habitué aux affaires, avant d’aller plus loin, dans ce quasi-roman, il s’était demandé : Où vais-je ? Et il posait la même question à Dolbret. Pierre voyait ses châteaux de cartes en ruines, une parole avait suffi pour amener cette catastrophe. Cependant il se ressaisit, car on n’abandonne pas facilement une chimère caressée depuis longtemps et embellie par toutes les puissances de l’imagination. Il se leva et, se plaçant devant Stenson, il lui dit tranquillement :

— Merci, monsieur Stenson. Puisque vous voulez tirer la question au net avant d’aller plus loin, laissez-moi vous donner quelques explications.

— Parlez, mon cher ami, parlez, je ne demande pas mieux que de vous donner raison.

— Je ne demande pas raison, je ne veux qu’expliquer ma conduite. D’abord, je serai juste, j’a-