Page:Moreau - Petits contes à ma soeur - 1896.djvu/79

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne pas quitter l’armée ; mais, depuis ce moment, de tristes pressentiments la poursuivirent. Un jour même, dit-on, après avoir communié à l’église Saint-Jacques de Compiègne, elle s’appuya tristement contre un des piliers et dit à plusieurs habitants et à un grand nombre d’enfants qui se trouvaient là :

« Ah ! mes bons amis et chers enfants, je vous le dis avec assurance, je serai bientôt livrée à la mort… Priez Dieu pour moi, je vous en supplie, car je ne pourrai plus servir mon roi, ni le noble royaume de France. »

Ces tristes prévisions ne furent que trop justifiées. En effet, Jeanne d’Arc ayant rempli la mission que Dieu lui avait confiée, Dieu ne pouvait plus rien pour elle, et quelques jours après, au siège de Compiègne par les Bourguignons, Jeanne fut prise dans une sortie, puis vendue aux Anglais qui la conduisirent