Page:Moreau - Nouveau mémoire pour servir à l’histoire des cacouacs.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

forcés de retenir leur venin : il reflue alors sur eux, même avec tant de violence, qu’ils périroient bientôt, s’ils ne s’échappoient promptement pour aller chercher des objets sur lesquels ils puissent les dégorger : c’est-là leur unique occupation. On les voir courir çà & là, & roder sans cesse dans cette vue.

Les hommes les plus barbares que l’on ait découverts jusqu’ici, ne sont point sans quelques qualités morales ; les insectes les plus déplaisans, les reptiles les plus venimeux, ont quelques propriétés utiles. Il n’en est pas de même des Cacouacs : toute leur substance n’est que venin & corruption ; la source en est intarissable & coule toujours. Ce sont peut-être les seuls êtres dans la nature qui fassent le mal précisément pour le plaisir de faire du mal.

On a des avis sûrs que quelques-uns de ces monstres sont venus en Europe ; ils se sont appliqués à contrefaire le ton de la bonne compagnie, pour s’y introduire & s’y mieux cacher : on les rencontre dans les cercles les plus agréables, ils recherchent particulièrement la société des femmes qu’ils affectent d’aimer ; mais c’est