Page:Moreau - La Souris blanche, éd. Glomeau, 1919.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lui donnaient le double aspect d’une citadelle et d’un couvent. On parlait bas et l’on marchait sur la pointe du pied dans ces grandes salles, comme dans un cimetière. Et, en effet, des captifs par centaines, gémissaient ensevelis dans les souterrains ; ceux-ci pour avoir parlé du roi, ceux-là pour avoir parlé du peuple, les autres enfin, et c’était le plus grand nombre, pour rien. Chaque dalle du château pouvait être regardée comme la pierre funèbre d’un vivant ; et c’était là que grandissait oisif avec un esprit aventureux, seul avec une âme ardente, le dauphin Charles, alors dans sa douzième année. Pauvre fils de roi ! il cherchait en vain où reposer ses yeux des horreurs qui l’entouraient. Une forêt verte et fraîche ondoyait au pied du château ; mais les chênes y