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revanche, ils doivent avouer eux-mêmes que l’air ne pouvait être mieux choisi, car mon héroïne était douée, entre autres vertus, d’une sensibilité exquise et profonde. Il y avait chez elle de la sensibilité partout, dans son regard, dans son geste, dans sa voix. Elle disait comme Fénelon : Je meurs d’amitié, et comme je ne sais plus qui à son vieil oncle goutteux : J’ai mal à vos jambes. Elle était riche, et si un malheureux eût réclamé ses secours, elle lui eût donné… ; non elle ne lui eût rien donné…, elle se fût évanouie. Je lui communiquai une élégie de ma façon, pleine de religion et d’amour, suivant l’usage. Et, comme tous les poètes contemporains, je me plaignais à Jésus-Christ de n’avoir pas une ou deux maîtresses. Elle applaudit par des sanglots, ce qui me donna, comme vous pensez bien, une très haute opinion de son goût. Une autre fois, nous lisions ensemble de fort beaux vers, où une demoiselle poète, en réponse à des détracteurs qui l’accusaient d’insensibilité, s’é-