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MELON.
Le plus grand ennemi des melons, en fait d’insectes, est la grise, petite araignée à peine perceptible à l’œil, qui s’établit à la page inférieure des feuilles, y forme une petite toile, pique l’épiderme, suce le parenchyme, altère ou détruit les fonctions des feuilles et nuit tellement à la végétation, que les melons qui en sont attaqués languissent, et que leurs fruits ne sont jamais parfaits, si, toutefois, ils peuvent arriver à maturité.
Nous nous opposons à la multiplication de la grise en détachant les feuilles qui en sont attaquées ; mais l’animal est si petit, qu’on ne le reconnaît que par ses dégâts, de sorte qu’il est difficile de s’en purger entièrement, et sa multiplication est si rapide, qu’en cinq ou six jours un carré de melons, sous châssis surtout, en est empoisonné. Cet insecte n’aime pas l’eau, et des arrosages le détruiraient ; mais comment l’atteindre avec l’eau, puisqu’il est toujours sous les feuilles ? On a conseillé de le détruire par des fumigations de tabac ; mais ce moyen, déjà employé avec succès, n’est pas encore admis dans la culture maraîchère.
Les melons ont encore à craindre la grosse alirette, qui pique le dessous des feuilles ; mais cet insecte est beaucoup moins dangereux ; les arrosements le détruisent ou l’éloignent.
Nous appelons chancre ou ulcère une maladie trop fréquente qui se déclare le plus souvent dans l’enfourchement des bras du melon, quelquefois sur les branches, quelquefois sur le fruit même. Quand ce chancre se déclare sur une branche ou sur un fruit, on supprime ou la branche ou le fruit avec le mal, et tout est dit ; mais, quand il a son siège au pied de la plante, comme cela a lieu le plus souvent, alors il est très-dangereux. Il se manifeste d’abord par une petite tache livide à la surface de l’écorce ; cette tache est un commencement de pourriture qui s’étend rapidement, gagne et pourrit toute l’écorce autour du pied. Si on pouvait apercevoir cette maladie quand elle commence, quand elle n’a encore que 2 ou 3 millimètres de diamètre, on pourrait, sans doute, la guérir, en grattant ce qui est pourri et en cautérisant la plaie avec des cendres ou du plâtre en poudre ; mais, lorsqu’on l’aperçoit, il est presque toujours trop tard ; la cautérisation n’est plus qu’un palliatif, qui prolonge plus ou moins la vie de la plante, sans pouvoir rendre au fruit la qualité que la maladie lui a fait perdre.