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UTOPIE DE THOMAS MORUS

« Je reviens à ma supposition. Si j’allais plus loin encore ; si, m’adressant au monarque lui-même, je lui faisais voir que cette passion de guerroyer qui bouleverse les nations à cause de lui, après avoir épuisé ses finances, ruiné son peuple, pourrait avoir pour la France les conséquences les plus fatales ; si je lui disais :

« Sire, profitez de la paix qu’un heureux hasard vous donne ; cultivez le royaume de vos pères, faites-y fleurir le bonheur, la richesse et la force ; aimez vos sujets, et que leur amour fasse votre joie ; vivez en père au milieu d’eux, et ne commandez jamais en despote ; laissez là les autres royaumes, celui qui vous est échu en héritage est assez grand pour vous. »

« Dites-moi, cher Morus, de quelle humeur une telle harangue serait-elle accueillie ? »

— « De fort mauvaise humeur, répondis-je. »

— « Ce n’est pas tout, continua Raphaël ; nous avons passé en revue la politique extérieure des ministres de France ; c’était de la