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LIVRE I.

et de son empire tous les germes du mal. Vous croyez qu’il ne me chassera pas de sa cour, ou ne m’abandonnera pas à la risée des courtisans ?

« Supposons, par exemple, que je sois ministre du roi de FranceI. Me voilà siégeant dans le Conseil, alors qu’au fond de son palais, le monarque préside en personne les délibérations des plus sages politiques du royaume. Ces nobles et fortes têtes sont en grand travail pour trouver par quelles machinations et par quelles intrigues le roi leur maître conservera le Milanais, ramènera le royaume de Naples qui le fuit toujours, comment ensuite il détruira la république de Venise et soumettra toute l’Italie ; comment enfin il réunira à sa couronne la Flandre, le Brabant, la Bourgogne entière, et les autres nations que son ambition a déjà envahies et conquises depuis longtemps.

« L’un propose de conclure avec les Vénitiens un traité qui durera autant qu’il n’y aura pas intérêt à le rompre. « Pour mieux dissiper