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UTOPIE DE THOMAS MORUS

lui des vagabonds ; mais qu’il y avait encore deux classes de malheureux dont la société devait assurer l’existence, parce qu’ils sont incapables de travailler pour vivre, savoir les malades et les vieillards.

— « Laissez-moi faire, dit le bouffon, j’ai là dessus un plan superbe. À vous parler franchement, j’ai grande envie de me délivrer du spectacle de ces misérables et de les cloîtrer loin de tous les yeux. Ils me fatiguent avec leurs pleurnicheries, leurs soupirs et leurs supplications lamentables, quoique cette musique lugubre n’ait jamais pu m’arracher un sou ; car il m’arrive toujours de deux choses l’une : ou quand je peux donner, je ne le veux pas, ou quand je le veux, je ne le peux pas. Aussi à présent ils sont assez raisonnables ; dès qu’ils me voient passer, ils se taisent pour ne pas perdre leur temps. Ils savent qu’il n’y a pas plus à attendre de moi que d’un prêtre. Voici donc l’arrêt que je porte :

« Tous les mendiants vieux et malades seront distribués et classés comme il suit : Les