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LIVRE I.

qui condamne en appliquant les lois de la société.

« Mais, s’il en est ainsi, qui empêche les hommes de faire d’autres lois également contraires aux préceptes divins, et de légaliser le viol, l’adultère et le parjure ? Comment !… Dieu nous a défendu d’ôter la vie non seulement à notre prochain, mais encore à nous-mêmes ; et nous pourrions légitimement convenir de nous entr’égorger, en vertu de quelques sentences juridiques ! Et, cette convention atroce mettrait juges et bourreaux au-dessus de la loi divine, leur donnant le droit d’envoyer à la mort ceux que le code pénal condamne à périr !

« Il suivrait de là cette conséquence monstrueuse, que la justice divine a besoin d’être légalisée et autorisée par la justice humaine ; et que, dans tous les cas possibles, c’est à l’homme à déterminer quand il faut obéir, ou non, aux commandements de Dieu.

« La loi de Moïse elle-même, loi de terreur et de vengeance, faite pour des esclaves et