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LIVRE I.

ne vous tiens pas quitte de votre harangue ; gardez-nous-la tout entière pour la prochaine entrevue que vous aurez avec votre partie adverse. Je souhaite que le jour de demain vous ramène ici tous les deux, à moins que vous ou Raphaël ne soyez dans l’impossibilité de venir. En attendant, mon cher Raphaël, vous me feriez plaisir de m’apprendre pourquoi le vol ne mérite pas la mort, et quelle autre peine vous y substitueriez qui garantit plus puissamment la sûreté publique. Car, vous ne pensez pas que l’on doive tolérer le vol, et si la potence n’est pas aujourd’hui une barrière pour le brigandage, quelle terreur imprimerez-vous aux scélérats, quand ils auront la certitude de ne pas perdre la vie ? quelle sanction assez forte donnerez-vous à la loi ? Une peine plus douce ne serait-elle pas une prime d’encouragement au crime ?

— « Ma conviction intime, très éminent père, est qu’il y a de l’injustice à tuer un homme pour avoir pris de l’argent, puisque la société humaine ne peut pas être organi-