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LIVRE I.

moutons s’accroît rapidement tous les jours ; mais le prix n’en a pas baissé pour cela ; parce que si le commerce des laines n’est pas un monopole légal, il est en réalité concentré dans les mains de quelques riches accapareurs, que rien ne presse de vendre et qui ne vendent qu’à de gros bénéfices.

« Les autres espèces de bétail sont devenues d’une cherté proportionnelle par la même cause et par une cause plus puissante encore, car la propagation de ces animaux est complétement négligée depuis l’abolition des métairies, et la ruine de l’agriculture. Vos grands seigneurs ne soignent pas l’élévement du gros bétail comme celui de leurs moutons. Ils vont acheter au loin des bêtes maigres, presque pour rien, les engraissent dans leurs prés, et les revendent hors de prix.

« J’ai bien peur que l’Angleterre n’ait pas ressenti tous les effets de ces déplorables abus. Jusqu’à présent, les engraisseurs de bêtes n’ont causé la cherté que dans les lieux où ils vendent ; mais à force d’enlever le bétail là où