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UTOPIE DE THOMAS MORUS

tence à tous les membres de la société, afin que personne ne se trouvât dans la nécessité de voler d’abord et de périr après ?

— « La société y a pourvu, répliqua mon légiste ; l’industrie, l’agriculture, offrent au peuple une foule de moyens d’existence ; mais il y a des êtres qui préfèrent le crime au travail.

— « C’est là où je vous attendais, répondis-je. Je ne parlerai pas de ceux qui reviennent des guerres civiles ou étrangères, le corps mutilé de blessures. Cependant combien de soldats, à la bataille de Cornouailles ou à la campagne de France, perdirent un ou plusieurs membres au service du roi et de la patrie ! Ces malheureux étaient devenus trop faibles pour exercer leur ancien métier, trop vieux pour en apprendre un nouveau. Mais laissons cela, les guerres ne se rallument qu’à de longs intervalles. Jetons les yeux sur ce qui se passe chaque jour autour de nous.

« La principale cause de la misère publique, c’est le nombre excessif des nobles, frelons oi-