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LIVRE I.

Ces découvertes enflammaient l’ardeur de Raphaël et de ses compagnons. Et ce qui entretenait leur passion des voyages, c’est qu’ils étaient admis sans difficulté sur le premier navire en partance, quelle que fût sa destination.

Les premiers vaisseaux qu’ils aperçurent étaient plats, les voiles formées d’osiers entrelacés ou de feuilles de papyrus, et quelques-unes en cuir. Ensuite ils trouvèrent des vaisseaux terminés en pointe, les voiles faites de chanvre ; enfin des vaisseaux entièrement semblables aux nôtres, et d’habiles nautoniers connaissant assez bien le ciel et la mer, mais sans aucune idée de la boussole.

Ces bonnes gens furent ravis d’admiration et pénétrés de la plus vive reconnaissance, quand nos Castillans leur montrèrent une aiguille aimantée. Avant, ils ne se livraient à la mer qu’en tremblant, et encore n’osaient-ils naviguer que pendant l’été. Aujourd’hui, la boussole en main, ils bravent les vents et l’hiver avec plus de confiance que de sûreté ; car,