Thomas Morus attribue au roi de France ce qui était clairement le fait du roi Henri VII ; mais on ne pouvait se méprendre à cette substitution de personne, commandée à l’écrivain par sa position particulière auprès du fils de ce dernier monarque. L’avarice de Henri VII était devenue proverbiale, et les moyens qu’il employait pour la satisfaire se retrouvent indiqués dans toutes les histoires contemporaines, aussi bien que dans l’Utopie de Thomas Morus. La passion de gagner de l’argent conduisit ce prince à l’oppression, dégrada son caractère qui ne manquait pas de supériorité, et ternit la gloire qu’il avait eue d’éteindre la guerre civile en Angleterre, d’affaiblir le système féodal, et de fonder un gouvernement stable et régulier. Il paraît étrange que le parlement n’ait fait aucune opposition à tant d’exactions tyranniques ; mais Henri VII avait rendu le parlement docile et muet par la corruption et la terreur. Cette assemblée poussa le servilisme jusqu’à choisir pour son orateur le ministre Dudley, l’homme le plus impopulaire, le plus exécré du peuple anglais. Henri VII sut exploiter habilement cette élection, et faire consentir la chambre des communes à de nouvelles rapines. Voici un extrait de l’histoire d’Angleterre par Rapin Thoiras, qui donne la mesure de la cupidité du père de Henri VIII.
« L’historien Bacon dit qu’il avait vu un compte d’Empson apostillé à chaque article, de la propre main du roi, où celui-ci se trouve entre plusieurs autres :