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NOTES.

conduire l’évêque à son château de Brecknock. Ce fut là que Buckingham, mécontent du roi Richard, conspira avec Morton pour mettre sur le trône le comte de Richemond, dernier rejeton de la famille de Lancastre. L’évêque, redoutant la découverte du complot, se sauva en Flandre ; quant à Buckingham, il fut trahi, livré et exécuté. Morton continua de conspirer en Flandre, d’où il rendit les plus importants services au comte de Richemond, depuis Henri VII, et qui alors était réfugié en Bretagne. Henri, dès qu’il fut roi, se ressouvint de l’évêque d’Ély, dont le caractère et le génie étaient d’ailleurs à sa convenance. Ce prince combla Morton de dignités et de richesses ; il le fit successivement archevêque de Canturbery, premier ministre, grand chancelier, et cardinal. Morton mourut en 1500, à l’âge de quatre-vingt-dix ans, et peu regretté des Anglais, qui le regardaient comme le complice de la tyrannie et des rapines du roi Henri VII.


Ce qui n’est pas moins funeste.

Le luxe des domestiques était alors porté si loin, qu’il avait éveillé la surveillance du gouvernement, et nécessité plusieurs lois répressives. Différents actes du parlement défendaient de donner des livrées à d’autres qu’aux domestiques ordinaires et actuellement servant. On conçoit quels désordres pouvaient survenir de cette population parasite, enlevée à l’agriculture et aux arts utiles, destinée à servir d’élément de trouble, dans les guerres civiles,