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florissantes, je n’y vois, Dieu me pardonne ! qu’une certaine conspiration des riches faisant au mieux leurs affaires sous le nom et le titre fastueux de république. Les conjurés cherchent par toutes les ruses et par tous les moyens possibles à atteindre ce double but :

« Premièrement, s’assurer la possession certaine et indéfinie d’une fortune plus ou moins mal acquise ; secondement, abuser de la misère des pauvres, abuser de leurs personnes, et acheter au plus bas prix possible leur industrie et leurs labeurs.

« Et ces machinations décrétées par les riches au nom de l’état, et par conséquent au nom même des pauvres, sont devenues des lois.

« Cependant, quoique ces hommes pervers aient partagé entre eux, avec une insatiable convoitise, tous les biens qui suffiraient au bonheur d’un peuple entier, ils sont loin encore de la félicité dont jouissent les Utopiens.

« En Utopie, l’avarice est impossible, puisque l’argent n’y est d’aucun usage ; et partant,