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employer à se pénétrer de la crainte religieuse des dieux, crainte qui est, à cet âge, le plus pressant et peut-être le seul aiguillon capable de stimuler à la vertu.

« Les Utopiens n’immolent pas d’animaux dans leurs sacrifices. Ils pensent que la clémence divine, qui a donné la vie aux êtres animés pour qu’ils vivent, ne peut se réjouir à la vue du sang et du meurtre. Ils font brûler de l’encens, d’autres parfums, et des bougies en grand nombre. Ils savent bien que la nature divine n’a pas besoin de ces choses, pas plus qu’elle n’a besoin des prières des hommes ; mais ils aiment à rendre à Dieu ce culte de paix. D’ailleurs, je ne sais comment, sous l’influence de ces lumières, de ces parfums, de ces cérémonies, l’homme sent s’élever son âme, et avec quelle ferveur il se livre à l’adoration du Tout-Puissant.

« Le peuple, dans le temple, est vêtu de blanc ; le prêtre porte un vêtement de diverses couleurs, admirable de travail et de forme, quoique la matière n’en soit pas très précieuse.