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les plus rudes et les plus difficiles, où la peine, le dégoût et le désespoir épouvantent la plupart des hommes. Ils se livrent sans relâche au travail et à la fatigue, afin de procurer à autrui du loisir et du repos. Et, pour tout cela, ils n’exigent aucune reconnaissance. Ils ne censurent pas la vie des autres, et ne se glorifient nullement de tout le bien qu’ils font. Plus ils s’abaissent par dévouement au niveau de l’esclave, plus ils s’élèvent en honneur dans l’estime publique.

« Cette classe d’hommes dévoués se divise en deux sectes :

« Les uns renoncent au mariage. Non seulement ils s’abstiennent du commerce des femmes, mais encore ils rejettent l’usage de la viande, et quelques-uns même celui de la chair de tous les animaux, sans exception. Ils se privent de tous les plaisirs de cette vie, comme étant choses dangereuses ; ils n’aspirent qu’à mériter les délices de la vie future à force de veilles et de sueurs. L’espoir de goûter bientôt ces délices les rend allègres et vigoureux.