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INTRODUCTION.

ment pour ses frères qui lui sont égaux en origine, en rédemption et en destinée. Il se débarrasse de sa richesse comme d’une chaîne qui l’attache à la terre, et l’empêche de s’élever à cette angélique union de l’âme avec la vérité, qui est Dieu. Des hommes spiritualisés à ce point sont très aptes et très disposés à mettre toutes choses en commun ; puis, à exécuter le peu de travail nécessaire à la conservation d’une existence aussi mortifiée. Les chrétiens de la primitive église en donnèrent une magnifique preuve.

Dans le second cas, la passion n’est ni tuée, ni maudite, ni émancipée ou développée indéfiniment ; elle est réglée par une raison et une morale. L’égoïsme, l’Orgueil et les avidités infinies du moi se soumettent à la justice. La vertu pour l’homme consiste à vivre suivant les lois de sa nature, à observer les rapports qui l’unissent à tous les êtres. Les sciences qui font connaître ces lois et ces rapports doivent être cultivées et perfectionnées. Il en est de même des arts, de l’industrie, de l’agriculture et du commerce, qui appliquent les données scientifiques à nos besoins, à nos usages ou à nos plaisirs. La religion sanctionne la morale, glorifie la science, et s’identifie avec elle ; cette alliance ex-