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mort, poursuit à outrance le chef de l’armée ennemie. Ils l’attaquent par surprise ou à découvert, de près ou de loin. Cette petite troupe, disposée en long triangle, ne prend ni halte ni repos. Continuellement, on la renouvelle avec des recrues toutes fraîches qui remplacent les soldats fatigués, et il est rare qu’elle ne réussisse pas à tuer le général ennemi, ou à le faire prisonnier, à moins qu’il ne se dérobe par la fuite.

« Les Utopiens, une fois victorieux, ne massacrent pas inutilement les vaincus. Ils aiment mieux prendre que tuer les fuyards, et jamais ils ne les poursuivent, sans tenir en même temps un corps de réserve rangé en bataille sous ses drapeaux. Excepté le cas où, les premières lignes enfoncées, l’arrière-garde emporte la victoire, ils laisseraient échapper tous les ennemis plutôt que de courir après, et d’habituer le soldat à rompre ses rangs en désordre. Ils se souviennent que maintes fois ils ont dû leur salut à cette tactique.

« En effet, souvent l’ennemi, après avoir