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tous les hasards de la guerre, ne peuvent jamais compromettre le salut de l’armée.

« Chaque cité lève et exerce des troupes parmi ceux qui s’engagent volontairement. Personne n’est enrôlé malgré soi dans la milice, pour les expéditions lointaines, par la raison qu’un soldat naturellement peureux, au lieu de se comporter bravement, ne peut qu’inspirer à ses camarades sa propre lâcheté. Néanmoins, en cas d’invasion, en cas de guerre à l’intérieur, l’on utilise tous les poltrons robustes et valides, en mêlant les uns avec de meilleurs soldats à bord des vaisseaux de l’État, et en disséminant les autres dans les places fortes. Là, pas de retraite  ; l’ennemi est à deux pas, la fuite est impossible, et les camarades vous regardent. Cette position extrême étouffe la crainte de la mort  ; et souvent l’excès du danger fait un lion du plus lâche des hommes.

« Si la loi ne contraint personne de marcher contre son gré à la frontière, elle permet aux femmes, qui le veulent bien, de suivre