chez leurs alliés. Et ils tiennent fidèlement parole.
« Cet usage de trafiquer de ses ennemis, de mettre leurs têtes à l’enchère, est réprouvé partout ailleurs comme une lâcheté cruelle propre seulement aux âmes dégradées. Les Utopiens, eux, s’en glorifient comme d’une action de haute prudence qui termine sans combat les guerres les plus terribles. Ils s’en honorent comme d’une action d’humanité et de miséricorde qui rachète, au prix de la mort d’une poignée de coupables, les vies de plusieurs milliers d’innocents des deux partis, destinés à périr sur le champ de bataille. Car la pitié des Utopiens embrasse les soldats de tous les drapeaux ; ils savent que le soldat ne va pas de lui-même à la guerre, mais qu’il y est entraîné par les ordres et les fureurs des princes.
« Si les moyens précédents restent sans effet, nos insulaires sèment et nourrissent la division et la discorde, en donnant au frère du prince ou à quelque autre