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leurs intérêts. Car le salut ou la perte d’un empire dépend des mœurs de ceux qui en ont l’administration. Or, nos insulaires offrent à l’élection de ceux qui les demandent pour chefs, les meilleures garanties de probité politique. L’Utopien ne se laissera pas corrompre par l’appât de la fortune, quelque brillante qu’elle puisse être ; bientôt elle ne lui servirait à rien, puisqu’il doit retourner dans sa patrie sous peu d’années ou de mois ; il ne fléchira pas non plus par amour ou par haine, puisqu’il est complètement inconnu à ses administrés. Malheur au pays où l’avarice et les affections privées siègent sur le banc du magistrat ! c’en est fait de la justice, ce plus ferme ressort des États.

« La république utopienne reconnaît pour alliés les peuples qui viennent lui demander des chefs, et pour amis ceux qui lui doivent un bienfait. Pour ce qui est des traités, que les autres nations contractent si souvent, pour les rompre et les renouer ensuite, elle n’en fait jamais aucun.