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sens, comme, par exemple, les plaisirs de la table ; néanmoins, plusieurs la mettent au premier rang ; et presque tous les Utopiens déclarent qu’elle est la base et le fondement du vrai bonheur. Car, disent-ils, ce n’est qu’avec une santé parfaite que la condition de la vie humaine est rendue paisible et souhaitable ; sans la santé, il n’est plus de volupté possible ; sans elle, l’absence même de la douleur n’est pas un bien, c’est l’insensibilité du cadavre.

« Une vive querelle s’éleva autrefois, en Utopie, à ce sujet. Quelques-uns prétendaient qu’on ne devait pas compter au nombre des plaisirs une santé stable et tranquille, parce qu’elle ne fait pas percevoir une jouissance actuelle et distincte, ainsi que les sensations qui viennent du dehors. Mais aujourd’hui, tous, à une exception très minime, s’accordent à proclamer la santé comme une volupté essentielle. En effet, d’après eux, c’est la douleur qui, dans la maladie, est l’ennemie implacable du plaisir ; or, la maladie est également l’ennemie de la santé ; pourquoi donc