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jeunes gens et les empêchent de s’émanciper outre mesure en paroles et en gestes.

« La table du syphogrante est servie la première ; ensuite les autres, suivant leur position. Les meilleurs morceaux sont portés aux anciens des familles, qui occupent des places fixes et remarquables ; tous les autres sont servis avec une égalité parfaite. Ces bons vieillards n’ont pas assez de leurs portions pour en donner à tout le monde ; mais ils les partagent, à leur gré, avec leurs plus proches voisins. Ainsi l’on rend à la vieillesse l’honneur qui lui est dû, et cet hommage tourne au bien de tous.

« Les dîners et les soupers commencent par la lecture d’un livre de morale ; cette lecture est courte, pour qu’elle n’ennuie pas. Quand elle est finie, les plus âgés entament des conversations honnêtes, mais pleines d’enjouement et de gaieté. Loin de parler seuls et toujours, ils écoutent volontiers les jeunes gens ; ils provoquent même leurs saillies, afin d’apprécier la nature de leur caractère et de leur