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« La mer comble cet immense bassin ; les terres adjacentes qui se développent en amphithéâtre y brisent la fureur des vents, y maintiennent le flot calme et paisible et donnent à cette grande masse d’eau l’apparence d’un lac tranquille. Cette partie concave de l’île est comme un seul et vaste port accessible aux navires sur tous les points.

« L’entrée du golfe est dangereuse, à cause des bancs de sable d’un côté, et des écueils de l’autre. Au milieu s’élève un rocher visible de très loin, et qui pour cela n’offre aucun danger. Les Utopiens y ont bâti un fort, défendu par une bonne garnison. D’autres rochers, cachés sous l’eau, tendent des pièges inévitables aux navigateurs. Les habitants seuls connaissent les passages navigables, et c’est avec raison qu’on ne peut pénétrer dans ce détroit, sans avoir un pilote utopien à son bord. Encore cette précaution serait-elle insuffisante, si des phares échelonnés sur la côte n’indiquaient la route à suivre. La simple transposition de ces phares suffirait pour détruire la flotte la plus