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UTOPIE DE THOMAS MORUS

toujours devant les yeux cette belle coutume des Macariens.

« Chez cette nation voisine de l’Utopie, le jour où le roi prend possession de l’empire, il offre des sacrifices à la divinité, et s’engage par un serment sacré à n’avoir jamais dans ses coffres plus de mille livres d’or, ou la somme d’argent de valeur équivalente. Cet usage fut introduit par un prince qui avait plus à cœur de travailler à la prospérité de l’État, que d’accumuler des millions. Il voulut par là mettre un frein à l’avarice de ses successeurs, et les empêcher de s’enrichir en appauvrissant leurs sujets. Mille livres d’or lui parurent une somme suffisante en cas de guerre civile ou étrangère, mais trop faible pour s’emparer de la fortune de la nation. Ce fut principalement ce dernier motif qui le détermina à porter cette loi ; il avait encore deux autres buts : premièrement, tenir en réserve pour les temps de crise, la quantité d’argent nécessaire à la circulation et aux transactions journalières des citoyens ; secondement, limi-