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UTOPIE DE THOMAS MORUS

l’homme qui aura le plus d’audace à bouleverser l’État ? N’est-ce pas celui qui ne peut qu’y gagner, parce qu’il n’a rien à perdre ?

« Un roi qui aurait soulevé la haine et le mépris des citoyens, et dont le gouvernement ne pourrait se maintenir que par la vexation, le pillage, la confiscation et la mendicité universelle, devrait descendre du trône et déposer le pouvoir suprême. En employant ces moyens tyranniques, peut-être conservera-t-il le nom de roi, mais il en perdra le courage et la majesté. La dignité royale ne consiste pas à régner sur des mendiants, mais sur des hommes riches et heureux. »

« Fabricius, cette grande âme, était pénétré de ce sentiment sublime, quand il répondit : « J’aime mieux commander à des riches, que de l’être moi-même. » Et, de fait, nager dans les délices, se gorger de voluptés au milieu des douleurs et des gémissements d’un peuple, ce n’est pas garder un royaume, c’est garder une prison.

« Le médecin qui ne sait guérir les maladies